Comité de direction : dopez le poumon !

Ludovic FAVARETTE
Directeur Général Adjoint
Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique

Tristan BORNE
Directeur exécutif
Dodo

Atelier animé par
Alexandre LETENNEUR
Quaternaire


Comment transformer cette instance en catalyseur puissant pour l’entreprise, un cercle où chacun s’épanouit tout en assurant la performance de l’ensemble ? Éléments de réponse avec Tristan Borne, Directeur exécutif chez Dodo, et Ludovic Favarette, Directeur Général Adjoint de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique.

Composer une équipe solide

Mieux vaut avoir de bons poumons pour pratiquer les sports collectifs. Tristan Borne et Ludovic Favarette partagent une passion pour le rugby, où les joueurs parcourent en moyenne 6 kms, notamment en sprint. Peu de différence avec un Codir efficace : « les membres doivent être complémentaires, prendre le temps de se connaître et se respecter, estime Ludovic Favarette. C’est une somme d’individualités qui se dépassent dans le collectif. » La métaphore tire ensuite vers la F1 pour Tristan Borne : « un bon Codir, c’est une courroie de distribution entre l’actionnaire – qu’il peut aider à définir sa feuille de route – et les salariés – à qui il doit montrer les vertus du dialogue. »

Comment doit être constituée l’équipe ? « Je dirais que 8 personnes, c’est une configuration qui fonctionne bien et qui laisse le temps d’interagir », conseille Tristan Borne. Sans être aussi précis, Ludovic Favarette insiste surtout sur la méthode pour sélectionner l’équipe : « on ne peut pas choisir tout seul ; il faut solliciter 2 ou 3 personnes aux caractères différents du vôtre et discuter. Il faut de l’humilité, et si on se trompe, il faut le dire. » Une fois les membres sélectionnés, il faut « faire équipe » : « nous avons passé une demi-journée en binôme pour partager notre objectif personnel dans l’entreprise. Nos objectifs étaient tellement différents ! Depuis ce jour, notre fonctionnement a changé, en mieux. Pour lancer cette dynamique, il faut miser sur 2 ou 3 membres du comité qui montrent l’exemple : sincérité, émotion, transparence. Cela donne confiance aux autres. »

Le NOUS avant le JE

La posture sera déterminante. « Quand on entre en Codir, on n’est plus seulement le représentant de sa direction mais un représentant des intérêts de l’entreprise, explique Tristan Borne. Quand quelqu’un revendique un peu trop les intérêts de son département, je lui rappelle cette règle. Et j’insiste pour que tout le monde prépare un message, une présentation. » Pour compléter la démarche, il est important de créer des moments de convivialité : chez Dodo, ce sera l’intervention de personnalités extérieures (championne de boxe, sociologue, distributeur, etc.). Chez BPACA, ce sera dégustation d’huîtres une fois par mois. « La solidarité dans le Codir passe aussi par ces moments », insistent les deux hommes.

Pour renforcer la posture, il est possible de former les membres. « Nous les préparons deux ans avant leur arrivée au comité, détaille Ludovic Favarette : formation, coaching externe et mentorat interne pour les rendre plus participatifs. Pour les membres actuels, nous avons un dispositif d’alignement de la prise de parole ou comment démultiplier le message sans le faire dévier jusqu’aux managers et collaborateurs. »

Ouvert et connecté au terrain

Encore faut-il que les membres du comité s’accordent sur le même message. Chacun sa méthode. « Je parle peu – 20 % du temps – et je me concentre sur les réactions des participants, pour interpréter les signaux faibles, révèle Tristan Borne. Celle qui va beaucoup parler, celui qui reste silencieux ou qui grimace. Partant de là, je redistribue la parole, je fais en sorte que chacun puisse verbaliser pour que la décision finale soit collective. » Pour Ludovic Favarette, l’humilité sera un facteur clé : « il faut accepter de se faire aider des autres membres pour faire émerger des bonnes idées ; et puis avoir la sagesse de revenir sur une décision quand on est allé trop vite. Lorsque j’ai admis que je m’étais trompé sur l’externalisation d’une partie de l’activité, j’ai eu beaucoup de retours positifs et de bienveillance, je ne m’y attendais pas. »

Un Codir efficace, c’est enfin celui qui lutte contre « l’effet tour d’ivoire », vers lequel le poussent les habitudes, la consanguinité des membres, le manque d’ouverture, le refus d’intégrer les N-1. « Chaque mois, je prends deux jours pour visiter notre réseau de 215 agences, explique le DGA. Je rencontre les collaborateurs, et je rentre avec des points clé et une liste de sujets à traiter. Ma DG et deux directeurs font de même. » Pour éviter d’intimider les collaborateurs, mieux vaudra les rencontrer seul à seul, les écouter vraiment, reformuler, s’intéresser à eux. « En collectif, le poids du grade et de la fonction pèsera sur la discussion », confirme-t-il. Et coupera la respiration.


Les idées clés

  • S’assurer que chaque membre connaît l’autre, son fonctionnement, ses attentes, voire ses objectifs personnels
  • En tant que DG, assurer deux missions complémentaires : manager les individus et animer le collectif
  • Co-construire le projet d’entreprise en Codir pour consolider l’alignement, la cohésion, l’autonomie de chacun
  • Intégrer que la convivialité est aussi essentielle pour le Codir que pour toute autre équipe
  • Intégrer la confrontation comme un moyen d’aide et de progression
  • Investir du temps sur l’alignement du discours en collectif
  • Organiser une présence terrain des membres du Codir
  • Faire travailler les membres en binôme sur des projets communs